Bretagne Être aidé dans sa reconversion

A42 ans, Yvon Quéméré, producteur laitier à Scaër (Finistère), a décidé d’arrêter le métier. Installé en 2001 en Gaec avec son père, puis avec sa mère, il est désormais seul sur une exploitation de 70 ha et 49 vaches laitières. « L’exploitation était vieillissante. Il aurait fallu faire des investissements conséquents, rendus difficiles par la conjoncture laitière et les charges qui augmentent. Je préfère arrêter », a témoigné l’agriculteur lors d’une conférence de presse le 1^er juin à Carhaix, dans le Finistère. Il reconnaît que le fait de ne pas habiter sur place a facilité son choix. Yvon a intégré le dispositif expérimental mis en place en janvier par la chambre d’agriculture et ses partenaires (MSA, conseil régional, conseil départemental, Direccte, Pôle emploi). L’objectif est de faciliter la reconversion professionnelle des exploitants qui cessent leur activité grâce à un accompagnement personnalisé durant une année. Surtout, ils bénéficient d’une allocation de 1 000 €/mois pour sécuriser leur décision et construire un nouveau projet professionnel. « L’exploitant peut se consacrer pleinement à sa recherche d’emploi à l’instar d’un salarié licencié économique », a résumé Alain Hindré, cheville ouvrière du projet, élu à la chambre d’agriculture. Le système est financé par l’État et le département.

En avril, Yvon a arrêté la production laitière, vendu les vaches, condition indispensable pour prétendre à l’aide. Pris en charge par le cabinet HR, il a réalisé un bilan de compétences. Il a décidé de s’orienter vers le métier d’électricien-monteur réseau. Il va démarrer une formation par alternance en octobre. Le volet financier, même s’il est important puisqu’il n’y a plus de production, n’a pas été la seule motivation d’Yvon : « Je me suis senti soutenu lors de ma recherche d’orientation. Ça m’a beaucoup aidé et permis d’avancer. »

Public recherché

« La mission première de la chambre d’agriculture n’est pas d’encourager les agriculteurs à quitter le métier. Notre priorité est plutôt d’installer des jeunes », a tenu à réaffirmer André Sergent, président de la chambre d’agriculture, rappelant que 137 jeunes se sont installés en 2017 dans le département du Finistère.

Différentes raisons mènent à la reconversion : problèmes de santé, difficultés économiques ou sanitaires… « Derrière ces situations, il y a des hommes et des femmes et on se doit de les accompagner. D’autant plus que c’est un public recherché dans le monde du travail. » La chambre d’agriculture est régulièrement sollicitée, mais le dispositif n’est qu’expérimental. L’objectif est de déployer au niveau national en passant dans le droit commun. À ce titre, élus et partenaires ont rencontré les sénateurs et députés du département pour qu’ils le portent au parlement.